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Nous devrions avoir une journée internationale pour la cuisson propre !

Alors que nous avons célébré la Journée des droits la femme cette semaine,

l'histoire de mes années passées avec ma grand-mère dans un village des Hauts Plateaux à l'ouest du Cameroun est revenue à mon esprit. Nous vivions Sika 2dans une maison en briques de terre séchées avec de très petites fenêtres et un salon qui servait de cuisine en même temps. De loin, on pouvait apercevoir une épaisse colonne de fumée qui s'échappait de la maison lorsque ma grand-mère cuisinait. En outre, le salon/cuisine était toujours sombre malgré la lumière du jour qui trouvait son chemin à travers la porte centrale et l’unique petite fenêtre. Bien qu'il me fût difficile de rester longtemps dans le « salon » lorsque nous cuisinions nos repas à cause de la fumée, je n’avais jamais trouvé anormal que nous utilisions du bois de chauffage ou des résidus agricoles pour cuire nos repas.

Quelques années plus tard, je quittais le village et ma grand-mère pour rejoindre mes parents à Douala, une ville située à 300 kilomètres de là. Ma mère cuisinait au gaz, sa cuisine était propre et les ustensiles étaient faciles à nettoyer. Bien que je sois déjà devenu un adolescent, je n'avais toujours pas réalisé le soulagement que je ressentais en restant dans la cuisine avec ma mère ou le fait de pouvoir faire mes devoirs la nuit sous la lumière d’une ampoule électrique. Tout ce que je compris alors, c'est que la vie au village n'était pas agréable. Pour moi, cette différence dans la qualité de la vie faisait partie de « l'ordre naturel » des choses. Dans notre imaginaire, les centres urbains étaient synonymes de facilité et de vie agréable alors que les zones rurales étaient logiquement condamnées à vivre dans la difficulté.

Sika 1

Plus tard, après 12 ans dans une banque à Douala, je rejoignis le monde du développement. Mon voyage initiatique pour comprendre les causes structurelles de la pauvreté et ses conséquences en termes de privation des droits humains a alors commencé. Je travaille maintenant dans le domaine des énergies renouvelables depuis neuf ans. Mes efforts visent à améliorer l'accessibilité des ménages périurbains et ruraux aux sources d'énergie propres pour la cuisine, l'éclairage et les activités productives. Au cours de la dernière décennie, le développement sans précédent des énergies renouvelables est à applaudir des deux mains. Malheureusement, les progrès sont encore très lents dans le domaine des sources d’énergie pour la cuisson propre. Malgré le succès relatif des foyers améliorés utilisant du charbon de bois ou des palettes, l'attention et les investissements dans l'utilisation de la biomasse comme énergies pour la cuisson propre en est encore à ses balbutiements. La technologie de gazéification pour une cuisine propre est encore peu fiable et coûteuse en Afrique.

Aujourd'hui encore, beaucoup trop de grands-mères et de mères utilisent encore les trois pierres traditionnelles pour cuisiner avec du bois de chauffe. Elles semblent être la majorité oubliée du développement ! Pour attirer plus d'attention et accélérer les investissements dans ce domaine, les Nations Unies devraient envisager d'instituer une journée sur la cuisson propre, voire une semaine entière, car le phénomène est d'une importance capitale. Le processus en cours d’affinement du septième objectif de développement durable (énergie propre et abordable) devrait également prendre en compte le développement d'un objectif explicite pour une cuisine propre!

                                                                                                                Article rédigé par Jean-Marc SIKA

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